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Variations autour de la graisse, Rémy et Yvelise, corrections n°5

Revenons sur les réglages optiques de la graisse de vos caractères.
Les exemples de Rémy et Yvelise sont construits sur une graisse à valeur constante. On ne trouve pas dans leurs dessins de modulations entre pleins et déliés.
Même s’il elles peuvent être minimes, des modulations apporteront souplesse et subtilité à vos caractères. Elle permettront également de régler les problèmes de “points noirs”, de déséquilibre. Une fois ces réglages effectués, la différence sera particulièrement visible lorsque vous observerez votre caractère utilisé dans un texte composé en corps plus petit.

Yvelise

Ton alphabet se regroupe selon deux catégories assez différentes: des modules très ronds qui font rentrer beaucoup de blancs d’un côté et des constructions très anguleuses plus fermées et parfois très noires de l’autre. Il serait intéressant de voir à quoi ressemble un texte composé avec ton caractère pour se rendre compte de la cohérence/incohérence de ton système.
Il est important d’avoir à la fois des similitudes et des différences entre les lettres pour construire un système typographique, mais il faut savoir faire le juste équilibre. Ce n’est pas toujours chose évidente.

Tu peux regarder le travail du dessinateur américain Sumner Stone. Pour son caractère Numa, il a choisi une source des formes archaïques, non pas grecques comme toi, mais romaines. Ces formes, dont les origines remontent au IIIe siècle ne sont pas encore toutes formatées par un système préétabli, on observe donc pas mal de trouvailles étonnantes dans son caractère. Son travail comporte des pleins et des déliés, qu’on pourrait croire résultant d’une gravure lapidaire. C’est une subtilité intéressante que tu as perdu lors de l’adaptation de ta source. Peut-être serait-il intéressant que tu fasses quelques essais de ce côté là.

    Note à l’attention de tous:

Numa a été primé, ainsi que 52 d’autres typographies, lors de la récente compétition Letter.2 organisée par l’AtyPi. (Association Typographique Internationale) Jettez un coup d’œil au lauréats pour vous faire une idée de la scène typographique contemporaine.

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Cohérence de la graisse, Maxime et Victorin, corrections n°4

À partir des lettres de Maxime et Victorin, arrêtons nous sur la notion de graisse. La graisse, qui correspond à l’épaisseur d’un caractère, est un paramètre qui permet de qualifier un dessin. Une typographie peut être très grasse, ou au contraire maigre, ou moyenne. Comme la hauteur d’x, la longueur des jambages, la forme des yeux, cette caractéristique est un élément identitaire du dessin. En vue de développer un caractère cohérent, nous allons donc chercher à appliquer aux dessins une graisse qui semblera optiquement constante. Optiquement, c’est-à-dire que mathématiquement, notre graisse ne sera pas forcément constante, mais qu’une fois imprimé en petit corps, notre caractère possède une répartition des noirs et des blancs équilibrée et cohérente au regard des autres caractères.

Maxime

Victorin

Regarde en particulier son travail pour le caractère Choc, publié en 1955. Bien qu’il soit super granuleux et vigoureux, il n’en reste pas moins lisible.

Un chapitre entier y est consacré dans le livre Roger Excoffon et la fonderie Olive, écrit par Sandra Chamaret & Julien Gineste & Sébastien Morlighem, et publié chez Ypsilon éditeur.